Dans notre culture occidentale lorsque nous évoquons le cœur nous le concevons généralement comme le siège de nos sentiments et de nos émotions. Notre langue française se fait naturellement l’écho de cette conception et de multiples expressions témoignent de cette manière d’appréhender le cœur. Relevons par exemple : “avoir du cœur”, “le cri du cœur”, “peser sur le cœur”, “en avoir gros sur le cœur”.
Dans notre imaginaire nous avons donc tendance à considérer que les sentiments viennent du cœur et que les pensées viennent de notre tête et peut-être plus particulièrement encore, développement des neurosciences oblige, de notre cerveau. De ce fait nous avons tendance aussi à différencier, et même à opposer, la tête et le cœur, les pensées et les sentiments. Il y aurait donc ceux qui fonctionnent avec le cœur et ceux qui fonctionnent avec la tête. Pour un peu d’ailleurs, on en viendrait même à opposer les hommes et les femmes en prétendant que les femmes seraient plus sentimentales et les hommes plus cérébraux. Dans ce cas cérébral serait presque synonyme de froid voire calculateur et sentimental synonyme de sensible voire rêveur.
La culture juive (…) désigne l’homme intérieur dans son ensemble.
La culture juive et donc également la Bible, nous proposent une approche différente du cœur : il désigne l’homme intérieur dans son ensemble. Ainsi le cœur n’est pas seulement le siège des sentiments et des émotions mais il est aussi le siège des pensées, de la réflexion et de la volonté. C’est donc bien du cœur que viennent les pensées. Il ne s’agit bien sur pas ici de l’organe qui régule notre circulation sanguine mais de notre être profond.
Matthieu 15 v 19 : Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies.
L’épitre aux Hébreux nous présente d’ailleurs la Parole de Dieu comme jugeant les sentiments et les pensées du cœur (Hébreux 4 v 12). Nos sentiments et nos pensées ont donc la même origine : notre cœur ! Il convient donc de ne pas les opposer l’un à l’autre mais bel et bien de nous développer harmonieusement en apprenant à les faire fonctionner ensemble. Cette approche doit produire non pas un être divisé en lui-même mais bien plutôt un être réconcilié. Alors inutile de refouler nos sentiments, de faire semblant de ne pas penser ce que nous pensons. Apportons plutôt à Dieu nos sentiments et nos pensées en étant prêt à nous remettre en question en fonction de ce qu’il nous indiquera… Et le reste suivra… Jusqu’à avoir en nous les pensées et les sentiments de Jésus-Christ (Philippiens 2 v 5) !
Un autre aspect mérite d’être souligné. Si nos pensées viennent du cœur, de notre être intérieur, elles prennent alors une consistance et une dimension bien plus importantes que lorsqu’on les considère uniquement comme des émanations de notre cerveau. Il ne s’agit pas seulement de ce que nous pensons mais plutôt de ce que nous croyons. Et on commence alors à comprendre toute l’importance qu’il convient d’accorder à ce que nous “pensons/croyons” et pourquoi on vit comme on pense… Vivre autrement commence effectivement par penser autrement ! Précisons également, au passage, que cette approche remet en question cette distinction, finalement très artificielle, que nous faisons généralement entre ce que nous savons et ce que nous croyons.
Ce n’est pas dans notre cœur que Dieu habite, c’est dans notre esprit !
Précisons encore que notre manière de présenter l’Evangile peut parfois induire en erreur. En effet lorsque nous disons que Dieu vient habiter dans notre cœur, du fait de notre culture nous risquons d’avoir une compréhension tronquée et de nous faire une représentation erronée de ce qui se passe véritablement lorsque nous invitons Dieu à faire son entrée dans notre vie. Cette incompréhension et cette mauvaise représentation vont s’avérer être un obstacle majeur à une bonne réception et à une juste transmission de la vie de Dieu en nous. Ce n’est pas dans notre cœur que Dieu habite, c’est dans notre esprit !
1 Thessaloniciens 5 v 23 : Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irrépréhensible, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus Christ !