Née en 1933 au Caire, Gisèle Littman, nom de plume Bat Ye’or, a écrit de nombreux livres sur l’histoire des minorités religieuses dans le monde musulman et sur la politique européenne moderne. De nationalité anglaise, Bat Ye’or a étudié à Londres et à Genève. Voici quelques-uns de ses ouvrages:
1. Les chrétientés d’Orient entre “jihad” et dhimmitude : VIIe-XXe siècle(1991)
Ce livre donne une perspective du passé qui explique les conflits actuels et indique les évolutions du futur. Il relate les deux vagues d’expansion islamique:
a. La vague arabe dès le VIIe siècle
b. La vague turque dès le XIe siècle, couvrirent trois continents: l’Asie, l’Afrique et l’Europe.
Ces vagues soumirent par le jihad des peuples méditerranéens chrétiens et juifs, qui avaient élaboré les civilisations les plus prestigieuses de leur époque. Régis par une juridiction particulière, ils constituèrent la catégorie des dhimmî: Indigènes chrétiens ou juifs vivant dans leurs pays étaient désormais gouvernés par la loi islamique.
Des millions d’individus, Espagnols, Egyptiens, Syriens, Grecs, Arméniens, juifs, peuples latins et slaves du sud et du centre de l’Europe devinrent ainsi des dhimmî durant quelques siècles, ou selon les lieux, plus d’un millénaire.
Cet ouvrage tente d’examiner les fondements idéologiques de la condition des dhimmî. Il fournit une analyse du dogme et des stratégies du jihâd, ainsi que de la législation qui détermina l’histoire des divers peuple dhimmî. Cette étude éclaire les domaines de fusion, d’interdépendance et d’affrontements entre l’Islam, la Chrétienté et le Judaïsme. Les documents, dont plusieurs sont inédits, éclairent les divers aspects historiques, politiques, juridiques et humains de la condition dhimmî.
2. Juifs et chrétiens sous l’islam : les dhimmis face au défi intégriste(1994)
L’auteur examine, à travers l’analyse de documents anciens et récents, les diverses facettes de l’histoire des Dhimmis, c’est-à-dire des non-musulmans, dont les pays furent conquis par le jihâd, la “guerre sainte”, et qui refusèrent la conversion. La connaissance de cette histoire, occultée en Occident et interdite dans le monde musulman permet de mieux comprendre ce que serait l’application de la chari’a réclamée par les intégristes islamiques. Cette loi implique notamment un statut d’infériorité pour les non-musulmans.
Son étude éclaire les types de relations que l’islam a développés au cours des siècles avec les Juifs et les Chrétiens. La connaissance de ces relations complexes, inscrites dans l’histoire, constitue la base d’un travail de mémoire indispensable pour anticiper les éventuels conflits futurs et les désamorcer, en ménageant des possibilités de coexistence pacifique.
Ce livre introduit l’analyse de la période moderne et fournit des clés pour comprendre les problèmes de notre siècle:
a. Le génocide arménien
b. Les guerres au Liban, au Soudan
c. En Bosnie, le conflit israélo-arabe
d. La montée du fondamentalisme islamique et la persécution des Coptes en Égypte.
Dans sa préface, Jacques Ellul écrit: “Le livre de Bat Ye’or est un travail exemplaire dans le grand débat où nous sommes engagés. Il apporte un avertissement décisif. Le monde islamique n’a pas évolué dans sa façon de considérer le non musulman, et nous sommes avertis par là de la façon dont seraient traités ceux qui y seraient absorbés. C’est une lumière pour notre temps.”
3. Les chrétientés d’Orient entre “jihad” et dhimmitude(2007)
Ce livre montre comment le jihad arabe puis turc tua les empires chrétiens méditerranéens, du VIIe au XVIIe siècle, et jusqu’au XXe siècle. Les populations chrétiennes agressées par les conquérants musulmans mirent en œuvre des stratégies variées : défense, collusion ou collaboration.
Le jihad a transformé en civilisations islamiques des peuples chrétiens arrivés à l’apogée de leur puissance et de leur rayonnement intellectuel. Minées par le doute et l’angoisse, ces sociétés agonisèrent et finalement se résignèrent à disparaître. Réduisant leurs représentants à d’infimes minorités, l’islam détruisit ou confisqua leur grandiose héritage artistique et archéologique.
L’auteur discute du débat actuel sur le conflit d’interprétation du jihad : guerre de conquête impérialiste ou chance offerte aux non-Musulmans d’entrer dans la lumière de l’Islam ? Le statut juridique des populations vaincues est-il tolérant, ou oppressif et avilissant ?
Alors que le XXIe siècle s’ouvre sur la troisième vague jihadiste, Bat Ye’Or éclaire les enjeux en faisant connaître le tragique destin des peuples et des civilisations vaincus par le jihad.
4. L’Europe et le spectre du califat (2010)
« Un spectre hante l’Europe », disait Marx. Comme un membre coupé le califat aboli en 1924 par Attatürk – unité politique et religieuse de l’Islam – continue de tourmenter « l’homme malade de l’Europe ».
Ce livre expose l’action politique en Occident de l’OCI – Organisation de la Conférence Islamique – la plus grosse organisation internationale après l’ONU, forte de cinquante-six États gouvernant un milliard trois cent millions de personnes et qui se comporte de fait comme un califat moderne associatif.
L’OCI a réussi à établir par delà les frontières et à l’aide de réseaux européens une véritable gouvernance sur les minorités musulmanes immigrées en Europe. Son action sur les politiques communautaires a contourné les procédures démocratiques. En imposant que ces minorités gardent leur lien avec leur religion, leur culture, leur langue et leur État d’origine, elle provoque l’échec des modèles occidentaux d’intégration et conduit l’Europe à un « multiculturalisme » aventureux.
Bat Ye’or révèle le projet révolutionnaire d’installer le siège permanent de l’OCI à Jérusalem et comment l’Europe est instrumentalisée dans cette opération décisive pour l’avenir du Proche Orient et ce qu’il y reste de christianisme.
Bat Ye’or, « fille du Nil », « une Cassandre, un esprit courageux et clairvoyant », (selon l’historien David Pryce-Jones) a consacré sa vie à étudier et à comprendre l’histoire des Juifs et des chrétiens sous l’Islam après avoir dû quitter l’Égypte de Nasser en 1957. Ses livres ont été publiés en anglais, allemand, espagnol, français, hébreu, italien, néerlandais, russe. Elle donne de nombreuses conférences et participe à d’importants colloques internationaux en Europe et en Amérique où elle a fait connaître les mots « dhimmitude » et « Eurabia ». Depuis une dizaine d’années elle a concentré sa méthode d’investigation sur l’étude des relations institutionnelles euro-arabes et leurs implications politiques et religieuses largement ignorées des médias. Elle a écrit:
« Au cours de la rédaction de cet essai, je me remémorais la question qui m’avait hantée voici vingt ans. Comment des peuples chrétiens, dotés d’États, de fortes armées et des plus riches cultures de leur temps, se désintégrèrent-t-ils dans leurs confrontations avec l’islam du VIIe au XVe siècle ? Maintenant je ne me pose plus ces questions. Ces processus de décomposition que j’étudiais dans de vieilles chroniques, je les ai vus se dérouler dans l’Europe actuelle… »